Les statistiques en provenance de Paul Travail pardon France Emploi, d’ailleurs recoupées avec celle de LinkedIn, sont assez claires : la France et l’Europe observent actuellement une percée des emplois verts, ainsi que ceux dédiés à l’intelligence artificielle et à la cybersécurité.
Responsable de l’efficacité énergétique, de l’hygiène, de la sécurité et de l’environnement ou de la responsabilité sociétale des entreprises, autant d’emplois tout nouveaux, tout chauds dont on comprend l’impérieuse nécessité dans les entreprises françaises et européennes au moment où l’ensemble du continent s’apprête à sombrer basculer dans l’Agenda 2030, dans lequel, rappelons-le, tout le monde va sautiller de plaisir vers la sobriété énergétique, les énergies alternativement en fonctionnement, les quartiers de 15 minutes à pied, les voitures électriques à pilotage étatique centralisé et la monnaie et l’identité numériques… Bref un nouveau goulag vert et riant aux miradors éco-conscients.
Comment ne pas trouver particulièrement rassurante cette explosion de la demande d’emplois qui n’auraient pas d’existence propre sans l’actuelle avalanche règlementaire verdolâtre ? Grâce à une couche épaisse de lois et de directives très orientées vers la résilience contre différentes pénuries (d’énergie et de nourriture, notamment) que ces mêmes lois et directives vont sciemment provoquer, l’Europe en général et la France en particulier sont donc en train de s’armer activement sur le plan économique pour s’adapter à des contraintes que le reste du monde va s’empresser de ne surtout pas s’infliger.
Il va sans dire que Washington, Pékin, Moscou ou New Delhi approuvent bruyamment le sens général de cette démarche, sans toutefois la copier le moins du monde.
Voilà qui nous met dans les meilleures dispositions possibles… Au moins la concurrence de l’Europe va s’en trouver sérieusement amoindrie et les efforts (parfaitement suicidaires) qu’elle va déployer seront autant de ressources évaporées avant de s’adapter aux prochains marchés technologiques actuellement en pleine expansion.
Ces marchés sont pourtant déjà frémissants en Europe : tout le monde comprend que l’intelligence artificielle et la cybersécurité seront de gros pourvoyeurs de croissance dans la prochaine décennie, et que tout retard en la matière garantit à l’Europe un déclassement encore plus grand que celui qui la frappe actuellement. Il suffit pour s’en convaincre de jeter un petit coup d’œil dans le rétroviseur en notant que l’Union européenne de 2008 représentait, grosso modo, le même PIB que celui des États-Unis et que, après 14 ans d’une quasi-absence de croissance, le PIB européen n’en représente plus que 55% de l’américain…
Autrement dit, à part se lancer dans un affichage vertuel écolâtre débridé extrêmement coûteux, les Européens ont travaillé ces 14 dernières années pour… rien (et la population ayant augmenté, il est même certain qu’ils se sont collectivement appauvris).
Heureusement, les nouveaux domaines – intelligence artificielle et cybersécurité, notamment – permettront peut-être de rattraper une part du retard accumulé ? On peut l’espérer : l’Europe et la France en particulier n’ont pas à rougir de leurs capacités en matière de technologies numériques, de sécurité informatique ou d’intelligence artificielle et on compte de nombreux Français dans les pointures de ce domaines.
Cependant, un doute s’immisce inexorablement à l’observateur attentif.
Se pourrait-il que la France, à présent engluée dans un état d’esprit particulièrement délétère, s’enfonce dans les choix hasardeux et fusille durablement ce qui aurait pu constituer une chance pour elle ? Oh non, un pays si finement dirigé, si bien organisé ne pourrait sombrer dans l’ornière !
Pourtant, des signes s’accumulent qui montrent une obstination assez consternante à prendre systématiquement la mauvaise direction.
En intelligence artificielle, le fait que l’État français se soit très officiellement lancé dans un grand plan, ait créé un “Comité de l’intelligence artificielle générative” et ait déjà réservé quelques écus publics pour “aider” l’un ou l’autre protégé désigné par la puissance publique, n’augure en réalité rien de bon : est-il besoin de revenir sur les catastrophes que furent le “cloud souverain” (français ou européen, du reste), le “plan calcul”, “informatique pour tous” ou même sa piteuse tentative dans le streaming ?
En somme et très officiellement, on ne change pas une méthode qui a déjà montré qu’elle foirait coûteusement : en matière d’intelligence artificielle et malgré ses atouts, la France s’est fermement positionnée dans les starting-blocks de l’échec.
Quant à la cybersécurité, le problème est fort bien illustré avec cette information, largement passée inaperçue au-delà des milieux informatiques concernés, concernant les difficultés de recrutement de la DGA, la direction générale de l’armement, qui est donc ici responsable du recrutement et du maintient des équipes d’informaticiens chargés de la défense (et de l’attaque) cybernétique : tout indique que le ministère est confronté à un problème de recrutement et surtout de conservation de ressources humaines, tant sont élevées les démissions parmi ses spécialistes.
La raison évoquée n’étonnera finalement que peu de monde en France : outre des temps de recrutement trop long (ah, la légendaire souplesse des services publics), les salaires proposés par la DGA ne sont pas assez attractifs et non seulement le privé propose des salaires supérieurs, mais les opportunités de carrière n’y sont pas moins bons, au contraire, et les rares avantages que pourrait éventuellement aligner la DGA seront généralement surclassés par les entreprises privées. Dès lors, ceux qui sont susceptibles de postuler préfèrent aller voir dans le privé, et surtout, ceux qui sont en postes finissent par démissionner et aller constater ailleurs que l’herbe y est bel et bien plus verte.
Heureusement, devant cette différence clairement identifiée, la puissance publique va agir. Elle va relever les sal… Ah bah non : elle va tout faire pour empêcher les démissions, en limitant tant que possible les opportunités de reconversion des agents du public vers le privé. Deux députés, Le Henanff (Horizon) et Mathieu (NUPES), proposent en effet de limiter les possibilités de reconversion dans le secteur privé et de baliser les parcours au sein de l’État…
Voilà qui va inciter à postuler, tiens !
Au passage, on notera dans le même rapport l’importance décrétée de la féminisation des équipes. On est dans la continuité directe de l’affichage vertuel idiot où l’on recrutera sur d’autres critères que la seule compétence, en fonction d’objectifs moraux et non opérationnels, ce même affichage vertuel responsable au moins en partie de la stagnation européenne sur les 14 dernières années…
Bref, les mêmes recettes aboutissant aux mêmes plats, on comprend que la flamboyante réussite française en matière d’intelligence artificielle ou de cybersécurité n’est pas du tout assurée et que les efforts actuels déployés par l’État français nous propulsent une nouvelle fois vers l’abime.
Heureusement, nous ne manquerons pas de frétillants gestionnaires de la responsabilité sociale et environnementale des entreprises et autres fanfreluches sociétales. L’Europe et la France vont sombrer, mais au moins les égos, les genres, les plantes vertes et Gaïa ne seront pas bousculés.
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