Décidément, pour le système bancaire mondial, ce n’est pas la grande forme : la dégringolade de plusieurs banques américaines a donné quelques sueurs froides aux institutions bancaires outre-Atlantique et il n’a pas fallu longtemps pour que la contagion gagne progressivement d’autres banques, européennes celles-là…
Malgré les paroles rassurantes de Bruno Le Maire (ou peut-être à cause d’elles), les marchés ont réagi nerveusement à la débandade américaine en sanctionnant lourdement plusieurs banques dont des françaises comme la Société Générale et la BNP Paribas qui se sont pris un petit bouillon bien serré la semaine dernière. En somme, les suspects habituels, y compris suisses (Credit Suisse et UBS) et allemands (Commerzbank et Deutsche Bank), se sont retrouvés dans la bourrasque financière, rappelant au passage à l’ensemble de la finance européenne et mondiale que les problèmes structurels, repoussés depuis 2008 sous les tapis institutionnels et monétaires avec un succès mitigé, n’avaient toujours pas reçu de solution convenable et pouvaient donc à tout moment refaire surface…
Et à la différence de 2008 où, à l’époque, la Fed, la BCE et les autres banques centrales avaient pu trouver des marges de manœuvre en bidouillant dans les émissions monétaires, il reste maintenant fort peu d’options pour nos apprentis-sorciers de la finance mondialisée à base de distribution d’argent gratuit des autres.
En substance, ils peuvent choisir de continuer à monter leurs taux d’intérêt afin de combattre l’inflation, ou ils peuvent choisir de recommencer les assouplissements monétaires divers et variés ce qui revient à saboter plus ou moins violemment la valeur des monnaies, notamment l’euro puis le dollar. On comprend que, quelle que soit la “solution” choisie, le contribuable va se faire fourrer comme le dindon qu’il est depuis des décennies.
Néanmoins, l’agitation frénétique qui s’empare des marchés et qui a le don de secouer les banques les plus faibles ne peut aboutir essentiellement qu’à une concentration de ces banques : par élimination des moins solides, par rachat des plus faibles par les moins mal en point, par agglutinement et répétition du mantra “Too Big To Fail” sur quelques banques sélectionnées que les États ont choisi de sauver, il semble assez probable que le paysage bancaire d’ici quelques années (ou quelques mois, si les choses continuent à ce rythme) va ressembler à un champ de ruines duquel n’émergera que quelques béhémoths bancaires.
Or, soyons clairs, cette concentration et cette centralisation n’est absolument pas pour déplaire à notre personnel politique au pouvoir qui fait absolument tout pour l’obtenir, dans tous les secteurs de la société ; l’emploi pas toujours subtil de lois instaurant des barrières artificielles à l’entrée d’un nombre croissant de marchés pour éliminer les petites entreprises, la gourmandise affichée (et quasi-revendiquée) pour le capitalisme de connivence – qui suppose des moyens financiers importants pour distribuer de juteuses valises de richesses interdites, la guerre quasi-ouverte aux indépendants, aux petits artisans et aux commerçants de taille modeste n’est un secret pour personne.
En effet, du point de vue de nos élites mondialo-globalisées, il est bien plus simple de n’avoir affaire qu’à de grosses entités, en petits nombres et aux têtes facilement identifiables.
Dans ce cadre, la concentration bancaire qui vient, à toutes jambes, est un véritable pain bénit pour nos dirigeants dont le projet – doit-on le rappeler – est de se débarrasser de l’argent liquide et d’instaurer enfin un moyen de traçage permanent, ultime et complet de toutes les transactions commerciales pour le moindre quidam en Occident.
Ce projet, habilement illustré par les CBDC et dont ces colonnes ont déjà fait mention à quelques reprises, bénéficierait d’un nombre volontairement limité de banques assujetties aux projets politiques d’asservissement global de certaines de nos “élites”.
Dès lors, il va de soi que les cryptomonnaies sont un pavé dans leur mare.
Ces dernières, non contrôlées par les banquiers, indépendantes des systèmes bancaires actuels, permettent (au moins théoriquement) un affranchissement complet de l’individu des griffes de l’État, au même titre que l’or ou l’argent (tant métal que liquide dans une certaine mesure) : après tout, il n’est pas si lointain le moment où la plupart des paiements étaient effectués sans passer par des banques, et le monde ne s’en portait pas si mal.
C’est donc sans surprise que ces mêmes cryptomonnaies subissent actuellement une véritable bordée de règlementations de la part des principales autorités financières dans le monde.
Prenant prétexte de la déconfiture commode de FTX, notant avec intéressement que dans les banques américaines qui viennent de choir avec fracas, on en trouve deux (Silvergate et Signature) qui offraient des passerelles avec le monde des cryptos, les autorités américaines et européennes ont récemment redoublé d’effort pour tenter de ramener toutes les transactions avec ces nouveaux supports dans le giron des banques et des institutions étatiques dont les politiciens ont le contrôle.
Ces dernières semaines, ils ont utilisé la micro-affaire Bitzlato (un petit site d’échange de cryptos russes qui faisait dans le blanchiment et le détournement de fonds) pour lancer tout un paquet de règlementations afin de rendre ces marchés encore plus complexes et difficiles d’accès aux individus lambda.
Aux États-Unis et depuis le début de l’année, la SEC a poursuivi le prêteur Genesis et la bourse Gemini pour n’avoir pas enregistré un système de prêt de crypto-monnaies comme une offre de titres, et a ordonné à la bourse rivale Kraken de mettre fin à un système qui, selon elle, offrait plus de 20 % de rendement aux clients. Pavant l’enfer de bonnes intentions et de nouvelles règlementations censées protéger les investisseurs, la SEC a proposé de renforcer les mesures de protection de leurs actifs après l’effondrement de plusieurs sociétés de cryptomonnaies l’année dernière qui avait montré la fragilité des fonds déposés.
En Europe, ce sont d’autres plateformes qui sont fermées avec fracas, chaque affaire justifiant tous les jours un peu plus que la force publique intervienne et de préférence, avec le plus de fermeté possible pour tuer ce nouveau secteur, ces nouveaux marchés et ces nouvelles libertés auxquelles l’individu risquait de s’habituer un peu trop.
Sans surprise, les propositions de “règlementation” (sabotage est le mot juste) continuent donc de pleuvoir : après tout, les règlementations bancaires, notamment celles qui ont été posées après les crises de 2008 (mondiale) et de 2012 (en Europe) ont si bien fonctionné qu’il serait dommage de s’en passer ailleurs, n’est-ce pas.
Concentration des banques traditionnelles, averse de “règlementation” sur les cryptos, la scène se met en place pour la prochaine pièce de théâtre que les “autorités” vont nous jouer ; on peut donc déjà parier à une tentative d’imposer des CBDC, cette mouture centralisée et asservissante des cryptomonnaies et donc parier sur une bataille entre ces cryptomonnaies et leurs mutants pathogènes des institutions socialo-étatique mourantes.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire