Zelensky ne sert plus actuellement qu’à légitimer des politiques radicales, et il sera prochainement mis de côté une fois qu’il aura rempli son rôle, même si l’on ne saurait dire pour le moment quand cela va se produire : tout dépend de savoir si l’OTAN va intervenir de manière conventionnelle en Ukraine ou non.
Le président Poutine a exprimé son opinion au cours d’une conférence de presse tenue à Hanoï : les États-Unis vont remplacer Zelensky au premier semestre 2025, après l’avoir utilisé pour prendre des décisions impopulaires, comme une nouvelle baisse de l’âge de la conscription. Cette prédiction coïncide avec la publication par les services de renseignements russes de leur dernier rapport sur le sujet, évoquant un tel scénario, affirmant que les États-Unis envisagent sérieusement de le remplacer par Zaluzhny. Ce scénario apparaît également comme plus propice que les autres à des négociations de paix avec Moscou.
J’ai expliqué le mois dernier que “la Russie espère influencer le processus potentiellement en cours de changement de régime soutenu par les États-Unis“ après que les services de renseignements russes ont publié un rapport sur ce thème. Cette stratégie continue de se développer, comme l’indique la déclaration par le président Poutine, il y a deux semaines, selon laquelle le président de la Rada serait désormais le dirigeant légitime de l’Ukraine si l’on s’en tenait à la constitution ukrainienne. Il a également affirmé que la Russie pouvait négocier avec lui ou avec un autre représentant si Kiev était intéressée par la paix, mais pas avec Zelensky.
La dynamique militaro-stratégique du conflit continue de jouer en faveur de la Russie, et les ajustements mineurs des politiques étasuniennes, consistant à laisser l’Ukraine faire usage des armes étasuniennes à destination de cibles supposées au delà de la frontière, ne sont pas de nature à modifier cette dynamique. La seule variable susceptible de modifier significativement le jeu à ce stade serait une intervention conventionnelle lancée par l’OTAN, mais une telle décision risquerait de constituer un mauvais calcul et de déclencher la troisième guerre mondiale.
Pour en revenir à la prédiction du président Poutine sur un remplacement de Zelensky début 2025, ou bien le président russe suppose que ce type d’intervention conventionnelle ne se produira pas, ou bien que l’escalade qui va s’ensuivre restera gérable au lieu de virer à l’apocalypse. Concernant la première possibilité, il existe une chance que l’OTAN ne lance pas d’intervention conventionnelle, car celle-ci est conditionnée à une percée russe des lignes de front, que l’OTAN pourrait exploiter pour justifier son implication directe dans le conflit.
Il se peut que cette percée ne se produise pas, ce qui exclurait ce scénario, ou bien qu’elle se produise, et qu’elle déclenche cette séquence d’événements, ce qui conduira à la seconde possibilité et à une possible gestion de cette escalade. Dans ce cas, la Russie pourrait soit éviter de frapper les unités de l’OTAN tant qu’elles resteraient à l’Ouest du Dniepr et ne constitueraient pas une menace crédible pour ses nouvelles régions, ou bien s’engager dans des frappes au coup pour coup, contrôlables, avant de geler le conflit. Mais quoi qu’il en soit, le destin politique de Zelensky est gravé dans le marbre.
C’est la première possibilité qui serait la pire pour lui, car il subirait des pressions plus fortes que jamais pour faire baisser l’âge de conscription dès que possible afin de remplacer toute la chair à canon qu’il faudra déployer au sol pour empêcher une percée russe des lignes de front. Il est impossible de prédire à quel moment précis il sera remplacé, car cela dépend du moment auquel cette politique sera mise en œuvre, et si (et pour combien de temps) la police secrète pourra contrôler les réactions furieuses de la population ukrainienne à l’envoi à la boucherie de ses jeunes hommes adultes.
Si l’OTAN pratique une intervention conventionnelle en Ukraine, et que l’escalade ne dégénère pas en troisième guerre mondiale pour cause de mauvais calculs, ce qui bien entendu n’est pas garanti d’avance, le bloc pourrait maintenir Zelensky en poste jusqu’à être parvenu avec la Russie à un accord étendu sur la gestion la “nouvelle normalité” de l’Europe. Une fois cela conclu, et nonobstant quand cela se produirait, il sera alors écarté pour proclamer l’advenue de ce qui sera présenté comme une “nouvelle Ukraine”conformément à la nouvelle situation, et pour tourner la page de cette sombre période.
Tout comme suivant la première possibilité, il ne resterait au pouvoir que le temps de prendre des décisions impopulaires, certes suivant des circonstances totalement différentes. Quoi qu’il en soit, une chose est bel et bien écrite : sa carrière politique approche de sa fin dans tous les cas. Zelensky ne sert plus désormais qu’à légitimer des politiques radicales, quel que soit le scénario. Il sera écarté une fois qu’on aura obtenu ce qu’on voulait de sa part ; même s’il reste incertain de prédire à quel moment exact, car tout dépend de l’occurrence ou non d’une intervention conventionnelle par l’OTAN.
Andrew Korybko
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