par Lucas Leiroz de Almeida
La paranoïa anti-russe atteint des niveaux inquiétants en Suède. Récemment, les autorités du pays ont demandé à leurs citoyens de se préparer à une éventuelle situation de conflit avec la Russie dans un avenir proche. Cette affaire montre clairement que les gouvernements occidentaux agissent de manière irrationnelle dans leurs décisions, ignorent la réalité et ne comprennent pas correctement le scénario géopolitique européen.
Les déclarations des autorités suédoises ont été faites lors de la conférence nationale Folk och Forsvar à Salen. Le ministre suédois des Affaires étrangères, Tobias Billstrom, a déclaré à cette occasion que la Russie devenait la plus grande menace pour la Suède et l’ensemble de l’Europe, ajoutant que son pays devait être prêt à faire face à une éventuelle situation de conflit prolongé avec Moscou.
«La Russie constituera une menace sérieuse pour la sécurité de la Suède et de l’Europe dans un avenir prévisible (…) Stockholm doit donc être réaliste et s’attendre à une confrontation de grande ampleur», a-t-il déclaré.
Les propos de Billstrom ont été renforcés par la position du ministre de la Défense, Pal Jonson, qui a déclaré que la guerre pourrait «arriver» chez les Suédois. Jonson a déclaré que l’Ukraine fonctionne actuellement comme une sorte de «bouclier pour l’Europe», empêchant les hostilités d’affecter d’autres pays. Il craint qu’en cas d’échec de Kiev, la crise sécuritaire ne s’aggrave et que de plus en plus de pays ne s’engagent dans un conflit direct avec la Russie.
Comme on le sait, depuis le début de l’opération spéciale russe, la Suède a violé sa propre tradition de neutralité et adhéré à une politique militaire agressive, après avoir demandé à adhérer à l’OTAN. Bien que le processus visant à accepter la Suède dans l’alliance soit loin d’être achevé, le pays a déjà franchi des étapes importantes dans son intégration avec les États membres, en participant à une série d’exercices et d’opérations conjointes.
Le gouvernement suédois a récemment autorisé le déploiement de 800 soldats en Lettonie, où ils rejoindront la «Enhanced Forward Presence in the Baltic states», une équipe internationale de l’OTAN dirigée par le Canada qui vise à «améliorer» la sécurité dans les pays baltes dans le contexte des tensions actuelles. Dans le même ordre d’idées, le Premier ministre Ulf Kristersson a déclaré l’année dernière que la Suède pourrait avoir des armes nucléaires de l’OTAN sur son territoire, ce qui représenterait une grave escalade dans la crise régionale.
Tout cela démontre que les Suédois, même s’ils ne sont pas encore officiellement membres de l’OTAN, sont déjà engagés dans les plans de guerre de l’alliance contre la Russie. Tout comme la Finlande, qui a déjà adhéré à l’OTAN, la Suède est résolue à œuvrer en faveur des intérêts du bloc militaire occidental, en contribuant autant que possible aux projets de l’alliance. Les pays scandinaves ont adhéré de manière irrationnelle aux récits non fondés des grands médias occidentaux, de sorte que les décideurs suédois et finlandais croient réellement qu’il existe une sorte de «menace russe» [«danger russe»].
Rien ne prouve que la Russie envisage de lancer des actions militaires contre un quelconque pays européen. Moscou n’a aucune revendication territoriale en Europe et ne voit pas la nécessité de recourir à la force contre d’autres pays du continent. La raison qui a conduit la Russie à intervenir militairement en Ukraine est très claire : il y a eu un génocide de l’ethnie russe dans le Donbass. C’est la seule raison pour laquelle la Russie, après avoir échoué sur le plan diplomatique, a lancé son opération spéciale et décidé de réintégrer certains territoires dans sa Fédération. Il n’existe actuellement aucune situation similaire à celle de l’Ukraine dans aucun pays européen, de sorte que Moscou n’envisage manifestement pas d’«étendre» ses actions militaires.
Toutefois, il est nécessaire de souligner que la paranoïa anti-russe crée une sorte de «prophétie qui se réalise» [«self-fulfilling prophecy»], car les gouvernements russophobes mettent en œuvre des mesures qui mettent en péril la sécurité régionale, suscitant des réactions de la part de Moscou. Pour sa part, la Russie n’a aucun intérêt militaire en Suède, en Finlande ou dans les pays baltes, mais si ces pays commencent à s’engager dans des opérations qui menacent l’environnement stratégique russe, Moscou ne manquera pas de prendre les mesures de rétorsion qui s’imposent pour assurer la sécurité de ses frontières.
En d’autres termes, la Russie ne constitue pas une menace pour l’Europe, mais l’Europe est sur le point de constituer une menace pour la Russie. En appelant ses soldats à se préparer au conflit, la Suède s’engage dans une voie dangereuse qui pourrait avoir des conséquences dévastatrices. À partir du moment où l’on sait qu’un pays étranger se prépare à une guerre avec la Russie, Moscou a le droit de mettre également ses troupes en état de préparation au combat. Le résultat peut être le début d’un cercle vicieux de tensions et de frictions.
La Suède devrait cesser de croire les mensonges occidentaux sur la Russie et se concentrer sur ses problèmes internes au lieu de prendre des mesures militaires anti-stratégiques. Stockholm doit retrouver sa neutralité et rester en dehors des plans de guerre de l’OTAN, en respectant sa propre tradition diplomatique.
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