En dix-huit mois (24 février 2022-24 août 2023), les États-Unis ont perdu le contrôle des affaires mondiales. Le sommet des BRICS, en effet, signe une défaite politique majeure, à l’opposé des espoirs que Washington avait mis dans le “piège ukrainien”, qui devait faire s’effondrer le le régime de Poutine et conforter la position américaine face à la Chine.
La nouvelle carte des BRICS, à onze membres, montre que l’enjeu est d’abord géopolitique. Nous avons déjà parlé de la diagonale de la géopolitique mondiale en émergence, de Vladivostok à Santiago du Chili. En admettant six nouveaux membres, les BRICS ont renforcé cet axe.
Il est vrai que l’admission de l’Argentine est, en réalité, suspendue, au résultat de l’élection présidentielle. Le candidat libertarien, actuellement en tête des sondages, et dont Le Courrier vous a expliqué pourquoi sa candidature est intéressante, semble hostile à la logique des BRICS.
Cependant, l’essentiel, concernant les nouvelles admissions, s’est joué ailleurs : la Russie et l’Afrique du Sud ont convaincu l’Inde d’accepter quatre pays musulmans (Iran, Émirats, Arabie Saoudite, Égypte), dans le club. Si l’on ajoute l’Éthiopie, on voit que l’idée est d’abord un contrôle de régions stratégiques, pour en écarter les USA.
L’enjeu de la coordination sur les transports
Vladimir Poutine y a insisté. Le contrôle d’un certain nombre de routes mondiales sera au cœur de la coordination des BRICS.
L’Arabie saoudite, l’Égypte, les Émirats arabes unis (EAU), l’Iran, l’Argentine et l’Éthiopie ayant rejoint les BRICS, l’organisation aura accès à un vaste réseau de ressources logistiques stratégiques. Le vaste réseau logistique du groupe comprendra la route maritime du Nord, les corridors de transport Nord-Sud et Ouest-Est, les entrées du golfe Persique, la mer Rouge et le canal de Suez.
Outre l’accès à la haute mer, les pays cherchent à trouver des solutions alternatives aux “goulots d’étranglement”, tels que le détroit de Singapour, le détroit de Malacca, le canal de Suez, le Bosphore et le détroit d’Ormuz.
L’autre projet important est le corridor nord-sud qui relie l’ouest et le nord de la Russie au golfe Persique. La route maritime du Nord (NSR) est essentielle pour la Russie, car elle l’aidera à éviter un éventuel blocus maritime de la part des États occidentaux dans le cadre des sanctions en cours. De même, le canal de Suez et la mer Rouge seraient situés dans la juridiction des partenaires BRICS de la Russie après l’inclusion de l’Arabie saoudite et de l’Égypte. Le partenariat des BRICS contribuera également à résoudre les tensions autour du canal de Suez et du détroit d’Ormuz.
Monnaie : ne pas mettre la charrue avant les bœufs
Les membres des BRICS ont fait part d’une initiative visant à commencer à travailler sur un système de paiement et une monnaie de règlement inter-BRICS. Le calendrier n’est pas immédiat, mais ils espèrent en développer un d’ici 5 à 10 ans. Aucun chiffon rouge n’est donc agité face aux USA. Mais ceux-ci ont des raisons d’être inquiets. Dans l’intervalle, en effet, les BRICS multiplieront les initiatives visant à régler les transactions dans leurs propres monnaies, en s’éloignant du dollar. La dédollarisation va donc continuer à s’accélérer,.
Monnaie commune et politique des petits pas. Ils convertiront leurs propres monnaies plutôt que d’utiliser une nouvelle monnaie unique inter-BRICS, à l’instar de l’euro utilisé par l’UE.
Le contrôle de l’énergie
Malgré toute la prudence affichée, il est évident que la défaite géopolitique des USA, en dix-huit mois, est terrible. Imaginez que l’on vous ait dit, il y a dix-huit mois que l’Arabie Saoudite et l’Iran rejoindraient les BRICS rapidement….Vous auriez regardé l’interlocuteur avec incrédulité.
Les nouveaux BRICS, avec l’Iran, les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite, contrôlent désormais environ 54 % de la production mondiale de pétrole. Les sanctions occidentales sont une indéniable réussite !
Source : https://lecourrierdesstrateges.fr/2023/08/28/du-24-fevrier-2022-au-24-aout-2023-les-usa-ont-perdu-le-controle-du-monde/
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