Cet été, trois décisions structurantes ont été prises plus ou moins discrètement, qui auront un impact fondamental sur votre pouvoir d’achat dans les semaines, les mois, et probablement les années à venir. En apparence, elles n’ont aucun lien entre elles. Mais c’est la particularité de cet ordre mondial concurrentiel qui se met en place : mises bout à bout, ces décisions font sens ensemble et dessinent l’émergence d’un bloc occidental où le pouvoir d’achat des gens ordinaires risque d’être mis à rude épreuve. Le Courrier va s’appesantir dans les jours à venir sur ce sujet global. Nous vous livrons quelques clés de compréhension aujourd’hui.
Coup sur coup, des décisions essentielles sont intervenues ou devraient intervenir, prises en l’espace de quelques semaines, qui modifieront profondément le contexte de votre pouvoir d’achat. Entre politique monétaire restrictive, coordonnée au niveau occidental, stratégie bas carbone fondée sur la sobriété des ménages, et censure des réseaux sociaux pour éviter les dérapages incontrôlés, les Français devraient se trouver en position difficile.
Le coup de massue par la politique monétaire
Vendredi dernier, les banquiers centraux se sont retrouvés à Jackson Hole, dans le Wyoming, au symposium annuel de la FED. Deux personnalités y ont prononcé des discours importants : Christine Lagarde, dont personne n’a parlé, et Jerome Powell, le patron de la Réserve Fédérale, qui a donné le “la” en matière de politique monétaire en Occident. Powell a expliqué que l’inflation risquait de durer, et que la FED maintiendrait des taux directeurs élevés aussi longtemps qu’il le fallait, mais en faisant attention à ne pas provoquer de crise.
En soi, cette annonce “technique” ne constitue guère une surprise. Elle vaut surtout par ce qu’elle confirme, mais aussi par ce qu’elle laisse deviner, et c’est un peu là l’enjeu.
Le discours de Powell confirme que l’ère du Quantitative Easing et des taux nuls ou presque est finie pour un bon moment.
Comme on le voit, les périodes de taux élevés peuvent durer plusieurs années. Entre 1995 et 2002, par exemple, la FED a maintenu ses taux au-dessus de 5%. Pour l’instant, les marchés parient sur un relâchement de la politique monétaire à compter de la fin 2024. Comme le graphique ci-dessus le montre, rien ne prouve que la période de taux élevés soit aussi courte, et je vais même expliquer pour quelle raison, à mon sens, elle devrait durer au moins jusqu’en 2030.
En effet, dans la conviction affichée par la FED qu’il faut combattre efficacement l’inflation par des taux élevés, on devine plus des inquiétudes pour l’avenir que pour le présent. Aux Etats-Unis, comme en Europe, comme dans le reste du monde, la fameuse transition énergétique dont tout le monde parle tant promet de beaux dégâts en matière de hausse des prix. L’une des premières étapes va en effet consister à remplacer les voitures thermiques par des voitures électriques, qui coûtent plus cher. Les ménages sont aussi sommés d’installer des pompes à chaleur beaucoup plus coûteuses qu’une chaudière au fuel.
Tous ces investissements contraints devraient à la fois produire une inflation sous-jacente, c’est-à-dire une hausse des prix en cascade (ne serait-ce que par les hausses de salaire rendues nécessaires pour que les salariés puissent acquérir un véhicule qui leur permet de travailler), mais aussi une augmentation de la masse monétaire du fait des politiques de subvention qui se développent aux USA, avec l’Inflation Reduction Act, et en Europe. Certes, ces politiques diffèrent dans la mesure où les USA subventionnent l’offre, alors que les Européens subventionnent la demande. Mais, dans la pratique, ces deux blocs devront recourir à l’endettement public, dont à la fabrique de monnaies, pour financer cette nouvelle révolution technologique.
Les taux longs devraient donc durer aussi longtemps que le choc qui se prépare. Les experts affirment qu’il faut fournir un effort jusqu’à 2030 pour “sauver la planète”.
La transition énergétique va vous ruiner
Dans ce contexte, Emmanuel Macron doit dévoiler, début septembre, la stratégie bas carbone de la France. Il s’agit de la mise à jour d’un document dont la première version date de mars 2020. Le Courrier l’avait évoqué.
Dans la nouvelle version du document, le gouvernement doit proposer une feuille de route pour accélérer la réduction des émissions de gaz à effets de serre. Pour définir ses objectifs, il s’appuiera sans doute sur les travaux de France Stratégie, dont un rapport de mai a déjà fait l’objet d’un compte-rendu dans le Courrier. Ce service du Premier Ministre préconise ouvertement une stratégie de sobriété destinée à baisser la consommation d’énergie dans des proportions importantes d’ici à 2030.
Selon les crânes d’oeuf de France Stratégie, sur le détail desquels nous reviendrons dans les prochains jours, l’effort de la transition énergétique d’ici à 2030 doit être assumé à 60% par les ménages… Cette stratégie promet de vraies tensions dans la société française, et surtout de vraies stratégies de pénurie, rebaptisées pompeusement “sobriété”. Dans la pratique, on peut s’attendre à des impôts frappant le CO2, un temps appelés “écotaxes”, et à des “incitations” du même ordre que le passe sanitaire.
Officiellement, France Stratégie explique que le prix de l’énergie va augmenter. Seules les classes les plus défavorisées seront aidées. Les autres devront payer.
La censure pour éviter les troubles
Chacun sent bien que ces événements à venir risquent de créer quelques difficultés socio-politiques. En particulier, la hausse des taux d’intérêts devrait renchérir à la fois le crédit à la consommation et les déficits publics. Les taux constitueront un véritable goulot d’étranglement pour l’économie.
Dans ces conditions, les gouvernements ont pris les devants pour empêcher les critiques et les contestations. Le Digital Services Act (DSA), entré en vigueur le 25 août, autorise la Commission Européenne à demander le retrait des contenus dissidents, et en particulier des contenus qui remettent en cause la théorie du réchauffement climatique d’origine anthropique. Mais, à l’occasion des émeutes en France, on a aussi vu que ces dispositions permettaient de “neutraliser” les réseaux là où les émeutes avaient lieu.
J’en profite pour rappeler que le Courrier s’attend à ce genre de censure. Pour la contourner, nous vous rappelons que nous disposons d’un fil Telegram gratuit auquel vous pouvez vous inscrire pour rester en contact avec nous.
Concrètement, à quoi s’attendre ?
Dans les prochains jours, nous dissèquerons les conséquences de cette conjonction politique, fondée sur un renchérissement de l’argent, sur une transformation forcée des modes de vie, et sur une mise sous cloche des oppositions. Nous prendrons le temps d’analyser leurs différents aspects. D’ici là, il faut retenir un point : le renchérissement de l’argent compliquera fortement les investissements publics, et obligera à des arbitrages impopulaires. Un pays comme la France sera particulièrement pénalisé, parce que nous avons déjà une dette colossale, des déficits importants, et un service de la dette qui nous coûte très cher.
Nous reprenons dès aujourd’hui l’activité de la chaîne Youtube dédiée au patrimoine, dont je rappelle qu’elle ne fait pas partie du contenu du Courrier. Mais ne manquez pas nos autres analyses devant ce qui s’annonce comme un moment de spoliation massif des classes moyennes.
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