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Abaya : un faux clivage pour cacher un vrai chaos à venir

  


La presse subventionnée et son cortège de commentateurs plus ou moins stipendiés par le pouvoir ne parlent plus que de cela : l’abaya, et la menace musulmane, avec l’horrible viol d’une pauvre cherbourgeoise torturée et laissée pour morte par un certain Oumar, dont on apprend qu’il frappait aussi sa mère. Une fois de plus, le débat sur l’Islam, travaillé au corps depuis des années par les influenceurs politiques étrangement unis pour le faire vivre régulièrement jusqu’à plus soif, certains étant radicalement contre la submersion, d’autres radicalement pour la lutte contre le racisme, est sur-activé pour allumer des contre-feux et détourner l’attention des vrais problèmes. Alors que l’Occident commence à se diviser sur le soutien à l’Ukraine, alors que Macron prépare une transition énergétique qui sera socialement très difficile à faire passer, la ficelle est impressionnante : on reprend les ingrédients d’une farce à propos de laquelle les politiques seront de toute façon impuissants. Pendant ce temps, la caravane de la mondialisation passe, utilisant la question de l’Islam pour neutraliser toute possibilité sérieuse de contrecarrer ses projets. 


Cet été, nous avons évoqué l’utilité du débat sur les Arabo-musulmans pour dissimuler les problèmes qui font vraiment système, et surtout pour neutraliser la menace qui effraie vraiment la caste mondialisée : celle d’une révolte contre l’ordre mondial et ses attendus. Disons même que l’habileté des néo-cons et des faucons américains est d’avoir dispersé dans le débat public tantôt des partisans de la lutte contre la racisation, tantôt des adversaires farouches de l’Islam, pour tenir l’opinion française et retarder ou fragmenter tout débat sur la mondialisation et sur l’imperium américain.

Une rentrée sous tension à désamorcer 

Nous l’avons évoqué hier : la rentrée “mondiale” est particulièrement sous tension. C’est le seul problème qui intéresse la caste : la transition énergétique à marche forcée, préconisée par le Great Reset de Klaus Schwab, va durablement produire de l’inflation et des déficits publics. Les banquiers centraux, à Jackson Hole, se sont donc mis d’accord pour coordonner les politiques monétaires occidentales avec un maintien de taux élevés le temps qu’il faudra. Ceux qui nous ont lu ont compris que l’échéance sera probablement 2030. 

D’ici à 2030, donc, des crédits immobiliers rares, des déficits publics de plus en plus coûteux, et un vrai dilemme à gérer le besoin d’investissements publics et de subventions pour passer le cap de l’énergie électrique, tout en réduisant les dépenses publiques. 

En attendant, Emmanuel Macron doit annoncer sa stratégie bas carbone pour 2030 dont, nous l’avons dit, France Stratégie a expliqué qu’elle devait surtout reposer sur les efforts des particuliers en faveur de la sobriété : moins de trajets en voiture, moins de voyage, moins de chauffage, et probablement moins de viande, comme la Cour des Comptes l’avait préconisé dans un rapport. Et probablement plus d’impôts. Dans les faits, l’État se propose de changer nos modes de vie de façon accélérée, comme Pol Pot en son temps, au Cambodge, l’avait imaginé pour son peuple. 

On mesure intuitivement les risques que cette politique qui doit s’étendre sur plusieurs années fait courir pour l’ordre mondialisé.
 
Encore une fois, l’Islam nous sauve 

Que faire lorsqu’une impasse politique se pointe à l’horizon ? Les méthodes d’infiltration cognitive et de mise en scène sont désormais bien connues : on parle soit de pédosatanisme, soit d’Islam. On se souvient que, début mars, au moment où les syndicats des transports déposaient un préavis de grève reconductible, une campagne avait sévi sur les réseaux pédosatanistes, largement relayée par l’invitation de Fauré sur le plateau d’Hanouna, et par quelques influenceurs sociaux à la solde de Macron. La ficelle était grosse : le problème, ce n’était pas de faire tomber Macron en bloquant Paris, le problème, c’était de lutter contre les admirateurs de Satan occupés à boire le sang des enfants dans des cérémonies maçonniques. 

Avec les émeutes de l’été, l’autre levier a repris du service : face aux émeutes, il faut sauver Macron pour éviter la mise en place d’une République islamique en France, et accessoirement, il faut permettre l’instauration d’un état d’urgence autorisant le gouvernement à violer les libertés, notamment en censurant Internet. Cet appel a permis d’anticiper la mise en place du Digital Services Act, qui répond pile-poil aux besoins d’un ordre public contesté sur les réseaux sociaux. On s’amusera de voir qu’un certain nombre de prétendus souverainistes, nationalistes ou identitaires ennemis jurés de Macron prônait son sauvetage par l’instauration d’un État autoritaire… 

Et bim ! alors que l’automne devrait être très animé, alors que Macron organise une rencontre avec les partis d’opposition sur le thème de l’autorité (et de la cohésion nationale, bien sûr, garantie par la police et sa répression brutale), Attal joue le rôle du pyromane en lançant le très opportun débat sur l’abaya, dans lequel tout le monde s’engouffre pour ne surtout pas parler des vraies déferlantes qui arrivent, et pour amuser la galerie avec des problèmes que le gouvernement est incapable de régler.

Immigration et abaya : l’impuissance annoncée 

Dans le débat sur l’abaya, nous l’avons déjà écrit, le gouvernement va se heurter à l’état du droit, et à l’état de droit. Ni l’abaya ni la qami, tenues venues du Moyen-Orient, ne sont à proprement parler des signes religieux. De quel droit interdire ces tenues au nom de la laïcité, dès lors ? Pourquoi, dans ces conditions, ne pas interdire les jean’s, venus d’Amérique, ou les robes chinoises ? 

Il y a fort à parier pour que le Conseil d’État, saisi par la France Insoumise, annule la décision d’interdire l’abaya, qui n’est d’ailleurs, pour l’instant, formalisée par aucun acte administratif opposable devant un tribunal. Autrement dit, Attal est dans une posture de communication qui permet de capter le débat public, de créer de la polémique, d’isoler la France Insoumise, nouvelle bête noire du gouvernement, à moindre frais. 

On ne dira pas mieux des positions officielles de Macron sur la “réduction de l’immigration”, également prônée par le Rassemblement National. L’intention répond à une demande probablement majoritaire dans le pays. Simplement, ni le RN ni Macron, ni aucun partisan de la réduction de l’immigration ne prennent le temps d’expliquer aux Français la face cachée de la médaille : sans immigration, il faudra massivement remettre les Français au travail, notamment pour occuper les travaux les plus ingrats, et il faudra poser la question du financement à long terme des retraites. 

On peut donc réduire tout ce qu’on veut : il ne se passera pas longtemps avant que les entreprises ne demandent à desserrer massivement la contrainte, faute de candidats pour travailler. Mais qu’importe ? Il s’agira encore d’un bon débat clivant qui évitera de poser le problème de la mondialisation. 
Combattre la mondialisation 

Sur le fond, que faire face à ce quadrillage du débat public français, que les stratèges américains de l’infiltration cognitive sont parvenus à satelliser et à neutraliser ? 

Beaucoup de Français sont aujourd’hui pétris de raisonnements binaires : soit on considère que l’immigration est le seul, ou en tout cas le principal problème de la société française, soit on est “immigrationniste”. Le débat public et l’opinion ont été efficacement travaillés pour que ne soit plus audible ni possible une position rationnelle, acceptant que l’immigration non contrôlée soit un problème important, mais pas forcément le seul, de la société française. Il faut être ou radicalement pour ou radicalement contre. 

La mondialisation fait son beurre de ce clivage artificiellement nourri par la caste. 

Dans la pratique, la seule façon d’agir efficacement est de se poser les bonnes questions, celles d’une construction politique durable, tenant compte sérieusement des réalités et des problèmes qui se posent à la société française. En matière d’immigration, nous l’avons dit, il ne peut y avoir un débat sérieux sans évoquer la question de la natalité et des politiques familiales. En matière d’Islam, il ne peut y avoir de débat sérieux sans évoquer la question de l’intégration et de ses modalités. 

Autrement dit, notre devoir est de sortir des simplismes binaires imposés par la caste et par ses sectateurs. Cela suppose du courage. Nous sommes bien placés, au Courrier, pour le savoir.

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