Mais comment, d’ici à 2030, tenir les objectifs de la France en matière de “bas-carbone” ? C’est à cette réflexion que, dans la ouate des épaisses moquettes ministérielles, les technocrates s’attellent. Dans le cadre de la rédaction de la troisième version de la “stratégie bas carbone” de la France, ils multiplient les idées les plus “novatrices”, qui ressemblent de plus en plus à un régime totalitaire vert.Pour nourrir leurs travaux, ils peuvent s’appuyer sur les rapports de France Stratégie, sous la conduite de Jean Pisani, qui apparaît comme l’homme du Great Reset en France. On en veut pour preuve le dernier rapport, fin mai, qu’il a co-signé avec une économiste écolo, et qui complète les travaux de la Cour des Comptes sur la réduction de la consommation de viande en France. La planification écologique est en marche, et elle va faire des dégâts.
2023-incidences-economiques-rapport-pisani-5juin.pdf from Société Tripalio
Ce rapport sur les incidences économiques de l’action pour le climat sert à préparer la troisième version de la stratégie bas carbone française. Il est un peu passé sous les radars, compte tenu de la floraison de rapports en tous sens depuis ces dernières semaines sur le sujet de la transition énergétique, et autres préoccupations inscrites à l’agenda du Great Reset. Pourtant, il mérite d’être lu et relu car il fourmille d’idées qui feront vraisemblablement florès dans les semaines, les mois ou les années à venir pour atteindre les “objectifs” de décarbonation de l’économie française d’ici à 2030.
Une décennie difficile
Comme le dit le rapport, l’enjeu de la décarbonation (mais c’est dans un rapport de 2023 ! si le réchauffement climatique se confirme au-delà de 2030, il faudra lire ce qui s’écrit à ce moment-là) se joue aujourd’hui et d’ici à 2030. Le rapport s’ouvre sur “l’urgence d’une action d’envergure”, et continue par “la décennie de toutes les difficultés”, car il faudrait “faire en 10 ans ce qu’on a peiné à faire en 30″… Le ton est donné : il va falloir s’activer, durcir le ton, accélérer les opérations, et, au fond, prendre des décisions désagréables.
On voit à peu près où les rédacteurs veulent en venir : la démocratie, c’est bien, mais là, il s’agit de sauver la planète, donc on change de méthode. La porte du totalitarisme verte est officiellement ouverte.
La sobriété, de gré ou de force
L’essentiel du propos tenu par Pisani et sa co-autrice, Selma Mahfouz, consiste donc à dresser les scénarios de contrainte pour tenir des engagements drastiques en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. On en retrouvera l’essentiel dans la lecture de ce graphique officiel, qui montre de façon assez synthétique l’effort de “sobriété” à fournir dès maintenant pour atteindre les objectifs affichés pour 2050 :
On le voit, dans tous les cas, la pente à suivre pour atteindre la fameuse “neutralité carbone” se durcit fortement et oblige à des arbitrages dont l’opinion publique commence à être progressivement pénétrée, à force de matraquages propagandistes en tous sens. C’est le pouvoir des graphiques : ils justifient bien des violations de la démocratie.
Bien entendu, ni Pisani ni Mahfouz ne le revendiquent clairement. Mais, entre les lignes, on comprend que l’appel à la contrainte et au dépassement de la démocratie est dans tous les esprits.
L’exemple de la viande et du carburant
On en veut pour preuve ce passage que nous citons in extenso, tiré du rapport : on y lit que le “canal de la sobriété” passe par des “changements de mode de vie”. L’expression parle d’elle-même. Le XXe siècle avait connu les changements de mode de production théorisés par Marx, avec leurs cortèges de famines, de déportation et de charniers en mode Pol Pot. Le XXIe siècle a l’air bien décidé à connaître les changements de mode de vie, tout aussi totalitaires, qui ne seront plus destinés à assurer l’avènement du prolétariat, mais le sauvetage de la nature.
Dans ce nature, Pisani et Mahfouz sont assez explicites : “télétravail, réduction des voyages, changements de régime alimentaire, recyclage”. Un peu plus loin, ils traduisent en langage clair ce que ces grands mots signifient : “baisse du nombre de logements et de la superficie par habitant, réduction de la mobilité, diminution de la consommation de viande”.
Sur la consommation de viande, nous avions déjà souligné les préconisations liberticides de la Cour des Comptes. Le rapport de France Stratégie appuie donc ce projet, en y ajoutant d’autres idées saugrenues : faire vivre des gens dans des logements plus petits, et leur interdire non seulement de partir en vacances, mais aussi d’aller travailler en voiture.
Un peu plus loin, le rapport est tout aussi explicite :
Il faut aussi comprendre ce que nous dit la novlangue mondialisée : un “tourisme plus local” annonce des mesures de restrictions en matière de vacances et de lieux de vacances. La “réduction de certains déplacements” annonce de fortes restrictions en matière de carburants.
On retrouve ici la logique des pénuries de carburants telles qu’on les a connues cet automne, dans une étrange répétition des scénarios contraints de sobriété que le rapport Pisani nous annonce. La tentation totalitaire a changé de couleur, mais elle est toujours robuste.
Cela dit, le rapport n’exclut pas non plus d’utiliser différents leviers de psychologie sociale comme les “budges”, page 41, ou l’instauration de taxes pour “réorienter” la consommation. On respire !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire