Je vais vous laisser prendre connaissance du dernier discours du gouverneur de la banque de France qui a dévoilé le nom de la future crypto-monnaie européenne, le « Cash+ ».
C’est beau le Cash +, c’est le cash, mais en version plus… « plusse mieux » je suppose comme disent mes enfants.
Mais de vous à moi, à quoi va servir une telle monnaie « digitale » de banque centrale, puisque notre euro est en réalité très largement dématérialisé. Entre nos paiements en CB, le « sans contact » et les virements que nous nous faisons, les espèces ne représentent plus qu’une proportion très négligeable de nos échanges.
Alors de vous à moi, pour nous, le peuple, les PME, ou même les entreprises plus grandes, ce nouveau machin « cash+ » n’a strictement aucun intérêt est c’est plutôt « cache+ » car oui, on nous cache des choses !
Ces choses que l’on nous cache sont très faciles à comprendre et sont exprimées à demi-mots par le gouverneur de la banque de France.
Ce que l’on nous cache et ce dont on ne débat pas, tourne évidemment autour de la vie privée et surtout du contrôle et de la surveillance.
Selon les propos même du gouverneur de la Banque de France « le « Cash+ » apportera des avantages significatifs par rapport aux billets : il permettra à chacun d’utiliser la monnaie de banque centrale dans le e-commerce, pour les paiements à distance entre pairs (peer-to-peer), ainsi que pour les paiements conditionnels. »
Officiellement, vous le voyez, il s’agit de e-billets de banques que vous pourrez donc utiliser pour vos paiements en ligne. Des paiements en ligne que nous faisons aujourd’hui sans problème avec nos moyens de paiement actuel.
Encore une fois, cet e-billet, cette crypto-monnaie de banque centrale n’apporte strictement rien. Elle ne nous apporte rien ou si peu, qu’il ne faut surtout pas que nos autorités s’embêtent à ce point pour nous la mettre en place.
Alors si cela ne nous sert pas à grand-chose, mais qu’ils y tiennent beaucoup, c’est que les avantages ne sont pas forcément pour la population, mais pour les autorités monétaires et bancaires (sans oublier les autorités politiques), car à terme la suppression du cash physique c’est évidemment la diminution des coûts. C’est aussi la mise en place d’un contrôle monétaire rendant l’évasion fiscale quasiment impossible. C’est aussi dans une vision extrême, le volet monétaire d’uncontrôle social potentiel comme en Chine. Votre porte-monnaie numérique, comme votre pass sanitaire pourront être désactivés, rechargés, ou limités. On pourrait même vous le supprimer.
Bref, les dérives potentielles sont telles que c’est un sujet qui mérite, bien évidemment, un débat démocratique et philosophique national.
Voici le texte du discours source Banque de France ici.
La monnaie numérique d’un monde qui change
« Permettez-moi maintenant d’aborder mon second sujet : les évolutions technologiques en cours dans les domaines de la finance et des paiements, qui nous ont amenés, nous l’Eurosystème, à lancer une phase d’investigation sur une monnaie numérique de banque centrale (MNBC) de détail, sous l’égide de la Présidente Christine Lagarde et de mon collègue et ami Fabio Panetta. Si le Conseil des gouverneurs l’approuve, une phase de préparation débutera à la fin de l’année, avant un lancement potentiel et progressif à partir de 2027 ou 2028. J’ai conscience de fouler ici un terrain moins consensuel, à entendre les doutes des banques qui s’articulent autour de deux arguments : (i) la MNBC serait « une solution en quête d’un problème », la question du « pourquoi? », (ii) la MNBC ferait concurrence à la monnaie de banque commerciale.
La finalité : un billet de banque numérique
En ce qui concerne le « pourquoi ? », j’imagine qu’il y a deux siècles, de nombreuses voix remettaient en question la nécessité d’émettre un billet de banque papier – une innovation technique majeure à l’époque – en plus des bonnes vieilles pièces en or et en argent. Aujourd’hui, tout peut se résumer à cette question simple : alors que tout devient numérique, pourquoi seule la monnaie de banque centrale devrait-elle rester au format papier ? Comme beaucoup d’entre vous le savent, les banques centrales ont également – et heureusement – l’innovation dans leur ADN [i], ce qui leur permet de suivre le rythme des disruptions technologiques. L’Eurosystème a réalisé des progrès dans la conception de l’euro numérique [ii], notamment via des échanges réguliers avec des associations de consommateurs, des commerçants et des acteurs de la finance, et grâce au test de prototypes dédiés [iii].
Pour résumer, le e-euro sera un billet de banque numérique, ou « Cash+ ». Il présentera naturellement les mêmes caractéristiques que les espèces actuelles. En particulier, il garantira le respect de la vie privée [iv], la fonctionnalité hors ligne garantissant le plus haut niveau de confidentialité ; il sera l’actif le plus sûr ; grâce au fait que le cours légal lui sera probablement attribué [v], il sera accepté partout dans la zone euro ; et ses fonctionnalités de base seront gratuites pour les particuliers [vi]. Mais le « Cash+ » apportera des avantages significatifs par rapport aux billets : il permettra à chacun d’utiliser la monnaie de banque centrale dans le e-commerce, pour les paiements à distance entre pairs (peer-to-peer), ainsi que pour les paiements conditionnels.
Je pense qu’il est de notre devoir de développer cette capacité pour nos concitoyens, mais ceux-ci resteront libres de l’utiliser. L’euro numérique offrira aux citoyens européens une option supplémentaire dans la manière dont ils réalisent des achats et des transactions ; ils détermineront le rythme de son évolution, et sa « part de marché ». Un euro numérique ne remplacera pas les espèces physiques ou d’autres formes de monnaie, et cela m’amène à ce prétendu problème de « concurrence ».
La monnaie est et restera un partenariat public-privé
Depuis longtemps maintenant, la monnaie est un partenariat public-privé. Nous avons besoin des compétences de chacun : l’agilité, les innovations, la relation client des banques commerciales d’une part ; la confiance et la stabilité garantie par les banques centrales d’autre part. Oui, la monnaie numérique de banque commerciale existe déjà, et elle est généralement perçue comme étant aussi sûre que la monnaie de banque centrale ; elle représentera toujours une part très significative des transactions, avec la possibilité éventuellement de développer des dépôts tokenisés. Mais la confiance que la monnaie de banque commerciale inspire n’est pas seulement due à la signature privée de chaque banque ; elle est ancrée par sa pleine équivalence et sa convertibilité permanente, 1:1, à la monnaie publique émise par la banque centrale. Perdre cet ancrage public – dans un monde de paiements numériques sans MNBC – signifierait tôt ou tard compromettre cette confiance privée ; pensez au XIXe siècle aux États-Unis, avant la Fed, lorsque survenaient régulièrement des crises de confiance.
Pour être tout à fait clair, un euro numérique n’entraînera pas de désintermédiation. Il sera distribué par l’intermédiaire des banques : nous, banques centrales, n’avons absolument aucune intention d’ouvrir des comptes privés. En réponse à d’autres inquiétudes, il n’y aura aucun risque pour la stabilité financière, dû à d’éventuelles sorties significatives de monnaie de banque commerciale vers de la monnaie de banque centrale : une limite de détention s’appliquera aux comptes en euro numérique, et garantira que l’euro numérique serve de moyen de paiement, plus que de réserve de valeur.
Par conséquent, les banques commerciales peuvent et devraient prendre part au projet en toute confiance. Nous sommes, en ce XXIe siècle comme au cours des deux précédents, complémentaires et non concurrents en matière de monnaie et de paiements. Comme je l’ai dit, il est très probablement de notre devoir d’émettre une MNBC, mais notre volonté est de l’émettre avec vous, les banques commerciales, et non contre vous.
Développer un dispositif de bénéfices partagés pour l’ensemble des parties prenantes
Plus généralement, j’aimerais insister sur le fait qu’il peut y avoir des avantages pour chaque partie prenante de la chaîne. L’« équation économique » peut être établie de telle sorte que chacun – y compris les banques et les commerçants – ait un intérêt direct à y prendre part, comme pour l’émission d’espèces aujourd’hui. Nous sommes bien conscients, pour citer notre hôte, que les paiements sont passés d’une simple commodité à un élément central de la relation des banques avec leurs clients, et nous souhaitons vivement que cela continue à être le cas.
L’écosystème de paiement européen dans son ensemble bénéficiera également de l’euro numérique, au lieu de céder du terrain aux prétendus « stablecoins » émis probablement par des acteurs non européens [vii]. Le dispositif que nous développons actuellement permettra l’émergence de normes d’acceptation ouvertes à l’échelle paneuropéenne, favorisant la convergence et permettant à l’ensemble des acteurs de poursuivre les innovations sur une base commune. Pour résumer, un euro numérique servira de « plateforme d’innovation » [viii] – notamment pour l’élaboration de solutions en monnaie de banque commerciale, qui bénéficiera des normes d’acceptation de l’euro numérique. Je voudrais souligner à cet égard que l’initiative européenne pour les paiements (EPI), que nous soutenons fermement, a testé et intégré avec succès l’euro numérique lors de l’exercice de prototypage organisé par l’Eurosystème au cours des derniers mois. Cette réussite devrait finir de convaincre les banques européennes de se joindre aux deux initiatives et aux groupes de travail associés.
Dans le même esprit, nous – la Banque de France et la BCE – travaillons activement avec les établissements financiers sur une MNBC de gros. Notre objectif commun est double : encourager la finance tokenisée et les titres tokenisés ; faciliter l’interopérabilité transfrontière. Nous publierons une mise à jour de nos expérimentations sur l’interbancaire d’ici début juillet. »
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu.
Préparez-vous !
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