Les menaces qui pèsent sur les banques européennes
Érosion des dépôts et manque de liquidité pour les banques
Les paniques bancaires sont un problème, mais il existe 2 autres gros soucis, tout aussi réels, qui réduisent les marges de manœuvre des banques.
La faillite de Silicon Valley Bank a obligé nos responsables politiques à prendre la parole pour convaincre les marchés de la solidité des banques européennes.
Dans un numéro d’auto-persuasion, nos dirigeants ont tenté de vous prouver que les circonstances qui avaient emporté SVB ne risquaient pas de mettre en péril nos fleurons bancaires.
La faillite de SVB a été précipitée par les retraits massifs des déposants.
C’est le manque de liquidités qui a obligé la banque à vendre plus de 20 Mds$ d’obligations, encaissant une perte comptable de 1,8 Md$.
En quelques heures, la panique a gagné la Silicon Valley qui, hyperconnectée, a tenté de retirer ses actifs au plus vite.
La suite, vous la connaissez : le sauve-qui-peut des déposants a créé un besoin en cash qui a largement dépassé la masse d’actifs de la banque.
Le fait que la banque dispose d’un ratio de fonds propres de 12%, (même s’il est vrai que la banque se permettait des largesses comptables en ne valorisant pas ses actifs au marché) n’a pas permis de couvrir les besoins en liquidités.
Aucun établissement bancaire n’aurait pu faire face à une telle fuite des déposants.
Sur les 24 heures précédant la faillite, les déposants avaient tenté de retirer pour plus de 42 Mds$ des comptes de SVB, le double des liquidités disponibles de la banque.
Sur deux jours, l’ardoise dépassait les 140 Mds$.
Vanter les ratios de solvabilité confortables de nos établissements est un contre-sens, car eux non plus ne pourraient pas répondre à une telle fuite des dépôts.
Un bank run est l’équivalent bancaire d’une épidémie : l’important n’est pas de savoir y répondre, mais de pouvoir l’empêcher.
C’est exactement ce qui a été fait avec la SVB en garantissant les dépôts pour rendre toute fuite des capitaux inutiles, et c’est aussi ce qui est prévu en Europe avec les lois « coupe-circuits » qui permettent de geler les dépôts des particuliers et des entreprises.
La problématique des mouvements de panique étant écartée, reste le problème structurel de l’érosion naturelle des dépôts et de la disparition de sources de liquidité.
Il produit de manière plus insidieuse les mêmes effets qu’un bank run.
Particuliers et entreprises avaient pris pour habitude de laisser dormir leurs liquidités sur des comptes courants.
Les banques ont pu profiter durant une décennie de cette manne d’argent gratuit.
Or, la hausse des taux de rémunération de l’épargne incite les déposants à se poser des questions.
Le Livret A devient un gouffre pour les établissements financiers.
Pour garder le contrôle de l’épargne des professionnels, les banques n’ont eu d’autre choix que de proposer des rendements de plus de 2,5% sur les comptes.
Selon la BCE, la masse totale des dépôts n’a crû que de 1,9% entre février 2021 et février 2022.
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