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Délire : La Cour des comptes européenne souhaite intégrer le coût de la souffrance animale dans le prix de la viande

  Des poulets d’un élevage intensif de volailles en transit entre la France et l’Italie dans un camion, le 13 juillet 2021. JEAN-BAPTISTE STROBEL / BIOSPHOTO 


En matière de bien-être animal, l’essentiel de la réglementation européenne, qui date d’il y a dix-huit ans, sera très prochainement révisé. La Commission européenne doit présenter à l’automne un nouveau cadre réglementaire, dont un volet concernera le transport d’animaux.

Après des travaux menés par la Commission elle-même, par le Parlement européen, par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), c’est au tour de la Cour des comptes européenne (CCE) de publier, lundi 17 avril, un rapport d’analyse, qui souligne les lacunes dans l’encadrement des transports d’animaux.


Chaque année, quelque 1,6 milliard d’animaux sont transportés entre pays de l’Union européenne (UE) et à destination ou en provenance de pays tiers – les mouvements intranationaux ne sont pas recensés et connus au niveau européen. Parmi eux, une majorité de volailles (1,4 milliard), 31 millions de porcs, 4,3 millions de bovins et 3 millions d’ovins. Toujours plus nombreux et sur des distances plus longues, ces transports entraînent stress et souffrances (faim, soif, blessures, stress thermique), comme l’ont montré de récentes évaluations de l’EFSA.

Selon la CCE, le transport d’animaux est avant tout motivé par des logiques économiques : des régions européennes entières se sont spécialisées dans l’élevage d’une espèce, mais aussi dans certaines étapes de production (reproduction, engraissement, abattage…). Des animaux peuvent ainsi faire plusieurs transports transfrontaliers dans leur vie : la France a par exemple exporté, en 2021, 350 000 veaux laitiers en Espagne (trois fois plus qu’en 2012), où ils ont été engraissés avant de prendre la mer, pour une partie d’entre eux, pour être abattus dans des pays extra-européens (Libye, Turquie, Israël…).

Pour la CCE, il faut « favoriser les transports de viande plutôt que d’animaux vivants ». Dans ses conclusions générales, les rapporteurs demandent que ces derniers soient limités en nombre, mais aussi en durée, pour éviter les trajets de plus de huit heures, qui représentent plus du tiers des mouvements intra-européens.

« La souffrance animale est gratuite »

Parmi ses recommandations centrales, la CCE suggère d’intégrer le coût de la souffrance animale dans le prix du transport et, in fine, le prix de la viande. « Très souvent, il est plus rentable de transporter des animaux plutôt que de la viande, déplore Eva Lindström, auditrice de la CCE. On constate que la souffrance animale est gratuite, et qu’il n’y a pas d’incitation économique à améliorer le bien-être aux différentes étapes de leur vie. » Et si la politique agricole commune (PAC) a intégré quelques dispositions favorisant le traitement des animaux dans les élevages, elle ne comporte aucune mesure visant à améliorer les conditions de transport, insiste la CCE.

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