par Christelle Néant.
Alors que la Russie célébrait le jour de l’Unité nationale, deux posts publiés sur les réseaux sociaux, l’un par Margarita Simonian (rédactrice en chef de RT), l’autre par Alexeï Danilov, le secrétaire du Conseil de sécurité nationale et de défense de l’Ukraine, ont montré combien les pulsions de destruction et de mort sont présentes parmi les autorités de Kiev.
Le 4 novembre 1612, une révolte populaire chasse de Moscou les forces d’occupation polono-lituaniennes, marquant la fin du Temps des Troubles (période d’instabilité politique après l’extinction de la dynastie des Riourikides) et des ingérences étrangères en Russie. Depuis lors, ce jour est devenu en Russie le jour de l’Unité nationale (c’est d’ailleurs un jour férié), célébrant la capacité du peuple russe à s’unir malgré sa diversité pour faire face à l’envahisseur.
Lors de cette journée importante pour le peuple russe, la rédactrice en chef de RT, Margarita Simonian, a posté sur Telegram un texte porteur d’optimisme sur un futur possible dans lequel les peuples russes et ukrainiens seraient de nouveau des peuples frères.
« Le jour viendra où nous arriverons à nouveau dans une Kiev hospitalière, joyeuse, lumineuse et bien nourrie. Nos maris tourneront à nouveau le cou, en regardant fixement Oksana aux sourcils noirs. Nous chanterons à nouveau tous ensemble dans une taverne, autour de trois tables trmplird d’inconnus, la chanson « Quelle nuit au clair de lune », la plus belle chanson du monde, la chanson ukrainienne que chaque Russe connaît, la chanson du grand film soviétique sur notre guerre commune, notre douleur commune et notre fierté partagée.
Nous grignoterons à nouveau des cerises locales et nous nous réjouirons de « la volupté et de la tendresse de l’été malorusse » [ce qui s’appelle aujourd’hui l’Ukraine est constitué en grande partie de ce qui était la Malorussie – la petite Russie – au sein de l’empire russe – note de la traductrice].
À Kiev, la capitale de l’Ukraine, la mère des villes russes, nous lirons les contes malorusses de la gloire de la littérature russe, du grand Gogol, qui a écrit de lui-même : « Je ne sais pas si mon âme est khokhol [ukrainienne – note de la traductrice] ou russe ». Et rien dans cette phrase ne suscitera des disputes ridicules et absurdes.
Ensemble, nous nous lèverons et nous nous souviendrons des martyrs qui sont tombés pendant la guerre pour qu’il en soit ainsi. Nous leur érigerons des monuments. Nous allons écrire de nouvelles chansons à leur sujet – en russe et en ukrainien.
C’est, semble-t-il, précisément le sens du mot « dénazification », si anguleux, si peu artistique, si peu Gogolien, mais qui s’est avéré inévitable.
Joyeux jour de l’unité nationale, ma chérie ! »
Cet idéal positif, cette pulsion de vie et d’optimisme est typique de l’idéologie véhiculée par les autorités russes. Il suffit de se souvenir du fameux article de Vladimir Poutine sur l’unité historique des peuples russe et ukrainien pour voir que ce message de Margarita Simonian est dans la continuité de ce qui était exprimé dans cet article du président de la fédération de Russie. On peut le trouver naïf et se dire que ce qu’elle décrit n’arrivera jamais au vu de la situation actuelle, mais cette projection dans l’avenir reflète bien la façon dont la Russie considère l’Ukraine et surtout le peuple ukrainien, non pas comme un ennemi, mais comme un peuple frère, un peuple ami, qui s’est laissé berné, et entraîner dans des pulsions de destruction et de mort par l’Occident.
Et en cela, la réponse du secrétaire du Conseil de sécurité nationale et de défense de l’Ukraine, Alexeï Danilov, au post de Margarita Simonian, illustre parfaitement ce que sont ces pulsions de destruction et de mort qui ont été insufflées dans le peuple ukrainien par ses autorités depuis l’indépendance du pays et surtout depuis le Maïdan de 2014. Accrochez-vous parce que c’est un tout autre genre, si vous n’avez pas le cœur bien accroché, passez votre chemin.
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